Il y a eu et il y a encore quelquefois de très bonnes réalisations de films X. Malheureusement on a l’impression que tous les films bons ou mauvais sont diffusés sans qu’aucune catégorie soit bien définie ; le meilleur côtoie le pire
Tout au long de l’histoire du cinéma pornographique certains réalisateurs, relatant des fantasmes ou un fait réel ont fait l’effort que le scénario et le jeu des acteurs semblent vraisemblables.
Cependant, dans la majorité des productions d’aujourd’hui, il y a peu de films qui peuvent se regarder sans s’ennuyer, hormis certaines scènes hard qui peuvent exciter l’imaginaire.
Lorsque l’on regarde un film conventionnel et que l’on se prend au jeu, on oublie que c’est une fiction, on croit vraiment à la réalité de l’histoire qui se déroule sous vos yeux. Pourquoi ce sentiment est-il tellement rare lorsque l’on regarde un film X ? Pourtant le plaisir que l’on retire d’un film traditionnel bien réalisé devrait se retrouver décuplé dans l’authenticité des scènes érotiques ou pornographiques qui pourrait satisfaire le voyeurisme de n’importe quel spectateur.
Ce fut le cas des films érotiques, comme « Emmanuelle » ou « Histoire d’O », et dans une moindre mesure « L’amant de Lady Chaterley » ou d’autres, qui avaient la qualité d’offrir de vrais sujets avec de vrais acteurs. Ce fut ensuite la vague des films pornographiques français avec notamment Brigitte Lahaie, que l’on pouvait voir dans les salles qui proliféraient à Paris avant la loi les classant X, annonçant le déclin de ce genre de cinéma. Certains de ces films étaient assez bien faits, racontant une histoire plausible et des fantasmes bien réalisés. C’est durant la période de transition, notamment entre 1980 et 1985 qu’une jeune femme brune, alors que la plupart de ses condisciples étaient blondes, est apparue dans plusieurs productions, tels qu’Alpha France, Vidéo Marc Dorcel ou autres producteurs français, italiens ou allemands. Le plus souvent elle se produisit sous le patronyme de Cathy Menard, mais, on la retrouva aussi dans les génériques sous les noms de Cathy Maynard, Kathy Menard, Catherine Meynard ou Menard ou plus simplement sous le seul prénom de Cathy. Elle se manifesta même plusieurs fois sous le nom de Danielle Guegard !.
Cette belle jeune femme brune aux cheveux courts, d’une taille au-dessus de la moyenne, aux alentours d’un mètre soixante-quinze, est semble-t-il originaire de la région méditerranéenne. Dès 1980, elle apporte dans les films pornographiques une nouvelle élégance, marque de sa distinction naturelle. Le rôle de bourgeoise vertueuse et frigide lui fut dévolu par la plupart de ses metteurs en scène. L’expression de son regard, en sus d’une plastique irréprochable, fut certainement son plus grand atout. Il pouvait exprimer aussi bien la vertu, le désarroi, la peur ou le dégoût, que la découverte du plaisir et l’extase la plus profonde.
J’ai dû voir une quinzaine de ses films sur la quarantaine qu’elle a tournée. Dans la mesure du possible, je m’efforcerai de visionner les autres afin d’essayer de faire une synthèse la plus exhaustive possible sur le jeu de cette actrice hors du commun. Il est certain que s’il m’était donné l’occasion de pouvoir l’interviewer, cela ne pourrait qu’apporter un supplément d’intérêt à ce projet d’étude. Mais en attendant d’aller plus loin, essayons d’analyser ce que l’on peut considérer comme l’œuvre majeure de sa carrière : L’INITIATION D’UNE FEMME MARIÉE.
Ce film, tourné par Bernard Claude-Aubert alias Burd Tranbaree en 1983, bénéficia de gros moyens techniques et financiers. Un des plus gros budgets des productions d’alors pour ce film culte qui annonce la fin de l’âge d’or du cinéma pornographique. Ce sera d’ailleurs le dernier film d’Alpha France en 35m/m avant l’avènement de la vidéo. Le casting réunira environ trente-cinq acteurs et actrices qualifiés du porno, alors que des scènes d’extérieurs traditionnels, assorties à des plans tournés dans des décors multiples et tout à fait crédibles, permirent aux spectateurs de se retrouver dans une situation qui pouvait être la leur. Le scénario bien découpé et offrant la quête d’une jeune femme frigide et coincée, vers le plaisir charnel qu’elle découvre incidemment en espionnant son mari qui la trompe, permet de mettre en place les deux principaux personnages. Le mari est joué magnifiquement par Richard Allan, qui se faisait encore appelé Richard Lemieuvre, alors que son épouse est incarnée par la sublime Cathy Menard. On assistera alors à l’audace de l’épouse, qui voulant reconquérir son mari s’enhardit à oser les mêmes gestes qu’elle a pu observer chez sa rivale lors de sa curiosité incongrue. Puis, le mari surpris et émoustillé par l’effronterie de son épouse, qui se donne à lui pour la première fois sans aucune retenue, entraîne sa femme au bois de Boulogne pour la masturber dans son automobile. Enfin, après l’avoir contraint à observer une prostituée suçant la verge d’un client et se faisant enfin baiser en levrette, il se fait faire une fellation par sa compagne qui le contemple d’un regard bouleversé et inoubliable, lorsqu’elle accepte le sperme qui jaillit et s’écoule entre ses lèvres. Déjà, à ce moment, le jeu de Cathy Menard révèle la grande artiste qu’elle aurait pu être dans le cinéma traditionnel. Chacune de ses répliques est toujours dite sur un ton juste et l’on ne peut que la croire. Elle joue aussi bien de son corps que de ses yeux bleu vert si expressifs, conservant une réserve qui s’émousse peu à peu en prenant conscience de l’éveil de sa sensualité. Lorsque son mari obtient son accord afin de lui imposer une de ses amies pour goûter à la perversité du triolisme, elle est aussi criante de vérité dans les caresses mutuelles que s’accordent les deux femmes que dans la curiosité qu’elle éprouve à découvrir la verge de son mari s’engouffrer dans le vagin de sa complice. C’est alors l’escalade et la première soirée où le trio se retrouve avec une trentaine de partouzeurs. Cathy est allongée et prise sur un canapé par son mari et l’amie du couple dans un tableau digne de Ridley Scott. Puis, pour la première fois, elle touche et branle le pénis d’un inconnu devant son mari qui se réjouit de la voir enfin se décoincer quelque peu. Lors de la seconde soirée, elle se laisse retrousser et enlever sa culotte en public par son mari, qui ensuite la masturbe et lui impose même de faire une fellation complète à un des participants de l’orgie qui se déroule autour d’elle. Enfin, à la sortie suivante, elle accepte, alors qu’à genoux entre les jambes de son époux, elle aspire sa verge dans sa bouche, de se faire prendre en levrette par un inconnu qui la baise et lui donne du plaisir. À partir de ce moment, elle passe de main en main ou plutôt de queue en queue jusqu’à une soirée masquée où son mari la sodomise pour la première fois. La sensualité troublante et provocante de ce film et principalement l’excitation progressive que le spectateur éprouve, qui est le but d’un bon film pornographique, est due incontestablement au talent du réalisateur, en l’occurrence Burd Tranbaree qui a réalisé de nombreux chefs-d’œuvre. C’est aussi la remarquable interprétation de Richard Allan, qui montre dans ce film en sus de sa prestation exceptionnelle d’hardeur, un vrai talent d’acteur. Mais je pense sincèrement, qu’aucune actrice de l’âge d’or du cinéma pornographique et encore moins les nouvelles filles de l’Est, siliconées et insipides, seraient à même de restituer ce que Cathy Menard a pu faire ressentir à ses nombreux fans qui l’ont glorifié tout au long de sa trop courte carrière.
À ce jour on peut dénombrer provisoirement 42 films dans lesquels Cathy Menard a tourné : deux en 1980, quatre en 1981, onze en 1982, onze en 1983, dix en 1984, un en 1985, un en 1986, un en 1990 et un, non daté.
Elle a été dirigée par les plus grands réalisateurs de l’époque : Michel Barny avec « Au Caprice des Dames » et Michel Baudricourt avec « Ragazine in colore » ont été les premiers en 1980. Ce sera ensuite « Bourgeoise… et Pute », son premier grand rôle en 1981, mis en scène par Gérard Kikoïne, qui aura recours quatre fois à ses talents. J. Helbie lui fera tourner aussi quatre films, dont « Les culottes de Charlotte » en 1982. En 1983, ce sera Bernard Claude-Aubert alias Burd Tranbaree qui, après « Chambres d’amis très particulières », lui donnera certainement son plus beau rôle dans « L’initiation d’une femme mariée ». Jean Claude Roy, alias Patrick Aubin lui donnera sa chance dans quatre films lui aussi, puis Michel Jean dans cinq films comme José Bénézeraf. Elle tournera aussi pour Francis Leroi, Alain Payet ou John Love, Michel Ricaud, Michel Lemoine, Jean Luc Brunet et quelques autres.
VIEULOU 19 mai 2005